Le confinement a démontré l’importance du digital dans la poursuite de l’activité économique en cas de crise mais également dans la continuité des services publics, de l’éducation notamment, et de la médecine de ville.

L’essor massif de la télémédecine depuis l’épidémie de coronavirus pose néanmoins la question de l’accès de cette technologie au plus grand nombre.

Prise en charge par l’Assurance maladie depuis le 15 septembre 2018, à l’instar des consultations ordinaires, la téléconsultation restait une pratique marginale avant la pandémie de Covid-19.

Le confinement a fait exploser le recours à cette pratique. Dès la fin du mois de mars, la CNAM a enregistré plus d’1 million de téléconsultations chaque semaine, soit plus de 28 % de l’ensemble des consultations, contre 0,1% entre le 2 et le 8 mars.

Comme l’explique Jean-Paul Ortiz, Président de la Confédération des Syndicats Médicaux Français (CSMF), la crise sanitaire a joué le rôle d’un accélérateur, permettant de franchir en quelques jours les étapes qui jalonnent habituellement le cycle d’adoption d’une innovation.

Mais au fait c’est quoi la télémédecine ? La télémédecine regroupe cinq actes définis par décret dès 2010 :

  • la téléconsultation qui se pratique via une communication vidéo entre le médecin et le patient,
  • la téléexpertise qui permet de partager à distance des informations entre médecins,
  • la télésurveillance qui permet à un professionnel médical d’interpréter à distance des données recueillies sur le lieu de vie du patient dans le cadre du suivi médical,
  • Et enfin la télérégulation qui s’exerce dans le cadre de l’activité des centres 15

Les moyens de communications sont évidemment la condition du développement de cette technologie. Aujourd’hui plébiscitée par une population plutôt urbaine et bien couverte par la fibre ou les réseaux de téléphonie mobile, le recours à la télémédecine est moins massif dans les zones qui connaissent une pénurie de médecins traitant. Ce sont souvent ces mêmes territoires qui se trouvent ne pas être suffisamment couverts par les réseaux de télécommunication. Or une connexion satisfaisante est indispensable pour assurer une visioconférence de qualité.

Un rapport du Sénat consacré aux télécommunications à haut débit au service du système de santé a souligné l’intérêt des téléphones portables dans les usages de la télémédecine. Il est aujourd’hui possible de transmettre des électrocardiogrammes par téléphone mobile, pointe le rapport, et les techniques de compression permettent très largement de pallier l’absence de haut débit. De plus, Les systèmes d’alerte et de télésurveillance par téléphone mobile présentent l’avantage de pouvoir redonner de la mobilité à des personnes qui en l’absence de tels systèmes devraient rester chez elles, voire demeurer dans des structures médicalisées.

La téléconsultation est présentée comme un moyen de lutter contre les inégalités géographiques d’accès aux soins par le plan « Ma santé 2022» porté par le gouvernement. Cet objectif n’est possible qu’à condition que les infrastructures réseaux accompagnent ce développement sur tout le territoire. C’est seulement à ce stade qu’on pourra véritablement parler de démocratisation de la télémédecine.